16 mai 2021

Des skeuds

 Oi! LE MORS AUX DENTS "Toujours mille raisons de gueuler" LP + CD
Ouah bah purée ! Enfin une sortie sur support noble de ce groupe mythique et mystérieux ! Je vous fais l'article rapidos: groupe Oi! d'extrême-gauche de la deuxième moitié des années 80, en provenance du Pays Basque Nord. Le groupe OVNI par excellence, tellement obscur que personne n'avait d'infos les concernant pendant des années. J'imagine d'ailleurs que comme moi, la plupart des amateurs les ont découvert avec la compile K7 "Sauvages et prolétaires", sortie dix ans après les faits ! Alors ici, on a tous les titres de la démo "Mille raisons de gueuler" de 1987 sur le CD et 17 titres de sessions différentes sur le LP. C'est en fait un tout petit peu plus compliqué que ça, mais en gros c'est branlé ainsi... c'est p'têt pas le choix que j'aurai fait d'ailleurs, mais on va pas faire les tâte-minettes, hein !  Les versions inédites du vinyl le font très bien, pas si éloignés que ça de la démo: du punk de zonard, de la Oi! violemment de gauche et quelques plans plus délibérément  rock (version prolo), voir hard-rock, avec du coup des guitares bien mieux foutues que les groupes Oi! d'alors. Comme pour la démo originale, le son n'est pas flamboyant (c'est du 4 pistes) et malgré le gros boulot de mastering, ça devrait déplaire fortement aux adeptes de productions rutilantes; nous, on s'en fout, l'intérêt est ailleurs. Ils avaient un talent de ouf pour pondre de vrais bons tubes: "L'esprit Reject", "Skinheads", "Le plus grand merdier de Biarritz", "Baston urbaine"... des refrains mémorables, de bons riffs, une énergie sincère et des paroles qui font mouche. Terrible !! Le seul truc gênant pour moi, c'est que la version de "Les laisseront nous continuer ?" sur le CD n'a pas les super chœurs que j'adorais sur le refrain ("Karl Marx a dit, prolétaires de tous pays, unissez vous !, oi! unissons nous !" aaaahhhh !!!) mais d'autres moins percutants, la version semble d'ailleurs différente ?... mais je pinaille. En tout état de cause, un super document et un chouette objet: le label a rajouté deux affichettes, un sticker, un insert avec les paroles + une copie de l'excellent article les concernant tiré du zine BRA n°9 pour un package au poil, à l'arrivée ! Faîtes gaffe quand même, si vous prenez la version LP "simple" (sans le CD), vous n'aurez pas la démo de 87 seulement présente sur le CD et ce serait dommage: elle reste un ton au dessus, pour moi, malgré les qualités des sessions inédites. Jetez vous dessus, ça enterre plein de groupes frônçés légendaires de la même époque (et je vous parle même pas de ceux de maintenant, ahaha !). (Rusty Knife)

 


MOVING TARGETS "Humbucker" LP
Le retour des Moving Targets, ça avait été une super surprise et leur album de come-back une vraie réussite (il est kro-niké quelque part dans ces pages). Ils remettent le couvert à peine un an après et je ne peux nier une petite déception... C’est loin d’être affreux, hein, faut pas exagérer non plus, mais bon. Déjà, l'album est trop long: 15 titres, dont plusieurs où l'on sent que les choses n'étaient pas encore à maturité. Pas du "remplissage" bête et méchant, non non, mais des chansons encore perfectibles, encore un peu bancales... Et puis, plus globalement, on les trouve ici dans un registre trop souvent mid-tempo, encore plus Lemonheads que sur le précédent. Ce n'est pas un défaut en soi, mais c'est pas sur cet exercice que je les préfère, sincèrement. Voilà quoi: too much, too soon ? Finalement, ça ne donne pas non plus un mauvais album, loin s'en faut, mais c'est tout de même un peu éloigné de leurs plus hauts standards. Une fois tout ça évacué, je dois reconnaître que la mélodie de refrain de « Believer » est stellaire (Hüskers style !), que le riff de « Apart » est totalement imparable et que 3 ou 4 autres chansons ici présentes me squattent le cerveau depuis plusieurs mois. Rien n'est simple, ma pôv' dame, avec ce temps, on sait même plus comment s'habiller ! (Boss tuneage)

 


MOVING TARGETS / THE SWIPES "World gone mad" 25cm
A priori, il n'y a pas que moi qui a été ravi du retour des Moving Targets: les Allemands de The Swipes leur ont directe demandé de faire un 10" split avec eux ! On a donc 4 titres du groupe de Boston, une démo de l'excellent LP "Wires" de 2019, et 3 autres démos / alternate du dernier LP. Le son est cool, l'interprétation au poil et vu que les chansons choisies sont terribles, eh ben ça fait une petite face bien bien sympatoche ! En fait, ça aurait fait un très bon EP, presque plus concluant que le dernier LP j'ai envie de dire ! The Swipes ont eux aussi 4 titres, dont une reprise de Moving Targets. Je ne connaissais pas ce groupe et c'est plutôt sympa, punk rock moderne au style plutôt indéfini. Il y a un titre qui fait un peu Leatherface, un autre que j'aime pas du tout, mais dans l'ensemble l'écoute est assez agréable. Voili voilou, peut-être pas de quoi se réveiller la nuit, mais certainement pas de quoi regretter l'investissement de ses 12 balles ! (Mad Butcher)

 


FRANKIE STUBBS « Blood orange moon » 7’EP
Premier skeud du Franky depuis le split du Boat et la mort de Dickie Hammond, un disque attendu, donc. Faut dire que la fin définitive de Leatherface nous a privé d'un des derniers groupes punk MAJEURS... Et ben encore une fois, je suis (un chouilla) déçu... Bon, l’enregistrement est assez cheapos ce qui n’est pas très important vu que le père Stubbs nous la joue « seul tout avec une gratte acoustique ». Par contre, même dans cette configuration roots, je ne trouve pas le « travail de production » super exceptionnel… 4 titres au programme, dont une version de « Shipyards » de Leatherface (tirée de « The last », en 1994 !). « Blood orange moon » est une belle chanson, on reconnaît bien sur immédiatement la patte (la voix !) du bonhomme et ya un chouette travail de guitare, « Jimmy Jesus » le fait carrément aussi, elle aurait pu figurer sur le dernier Leatherface sans soucis, dans une version électrique bien entendu et pas folk comme ici. Pour l’autre face, catastrophe : ma copie doit avoir un problème de pressage, ça tourne de façon irrégulière, bref c’est à peu près inécoutable, argghhh ! ! ! Je suis verni, tiens. Et puis merde, faut un peu arrêter avec ces histroires de 45t à 8, 10, voir 12 euros (et ces LP à 17, 18 ou 20 balles !). Heureusement pour moi, une distro locale en avait chopé à un tarif acceptable, mais quand tu vois à combien se chope ce 45t un peu partout, c’est délirant ! Et les excuses servant à justifier cette inflation démesurée, j’en ai un peu rien à battre, serieux. En 5 ans on dirait que le prix des skeuds « soit-disant punk » a augmenté de 30 à 50%, mais mon salaire a pas évolué de la même façon, lui, hé !  Et je crois pas être le seul dans ce cas ! En plus, dans ces conditions, pourquoi veux-tu que j’achète un 33t punk à 16 ou 18 balles alors que je peux choper une réédition LP de classiques rythm’n’blues ou rockabilly des 50’s pour une somme bien inférieure ? Niveau concurrence (puisqu’on parle de bizz, après tout) il y a vraiment peu de chance pour que la rondelle ponk soit à moitié aussi bonne que le skeud d’il y a 65 ans ! Enfin voilà, désormais faudrait p’têt éviter de venir se la raconter avec des fables comme quoi le « D-I-Y nianiania », le « punk anti-business nieu-nieu-nieu »… dans ce domaine aussi, la « scène punk » ne propose vraiment plus quelque chose de singulier, ne se démarque plus concrètement du grand cirque de la « société du spectacle / rock music ».  (Little Rocket records)

 


NABAT "1981 Laida Bologna demo" LP
Ah ben ça alors, celle la je l'avais pas vu venir ! La première (?) démo de la légende Italienne avant le virage purement skinhead, quand ils avaient encore des cheveux ! Le son est rude, basique, avec une batterie genre barils de lessive et des grattes tronçonneuses, mais ça le fait plutôt pas mal pour un document aussi vieux. On retrouve certains tubes ("Laida Bologna", "Asociale Oi!", "Nichilistaggio") dans des versions encore frustes, mais aussi plein d'inédits jamais enregistrés ensuite, youpi ! Franchement, malgré l'aspect forcément "primitif" de cet enregistrement, on retrouve bien le groupe et je ne vois pas comment un fan peut passer à côté de ce skeud. Pour un béotien, mieux vaut se tourner vers leur incontournable deuxième EP, bien entendu, ici c'est pas non plus l'album du siècle.  Le truc marrant, c'est que ça joue en fait moins vite que sur leurs deux premiers EP, moins HardCore, et ça sonnerait presque plus Oi! que les EP finalement (un comble !); et beaucoup plus punk-rock, ça c'est certain. En tous les cas, tu fous n'importe quel titre sur une Killed By Death et il y trouve sa place sans aucun problème. Moi, je me régale bien comme il faut. (Puke'n'vomit records)



JOE STRUMMER "Assembly" 2LP
Une nouvelle compile seulement deux ans et des brouettes après le (très bon) coffret "Strummer 001" ? Ben ouais ! On était en droit de s'attendre à un coffret "002" et en fait non... Va comprendre. Ce double LP sort en tous cas sur le label de feu-George Harrison (?) et je me le suis fait offrir pour mon anniv' vu qu'il est sorti quelques jours avant. Premier point: je suis assez fan de la pochette et du packaging, sobre et classe à la fois. Deuxième point: 11 titres de la période Mescaleros, 1 du LP "Earthquake weather", "Love kills" de la BO de Sid and Nancy, deux live inédits sympas et une version acoustique excellente (et inédite) de "Junco partner". Pas de quoi se relever la nuit, à priori, pas grand chose qui doit attirer le fan déjà bien pourvu... Mais mais mais, le son est juste MORTEL ! J'en ai un peu rien à branler des "re-mastering" vu qu'en général, je peine à capter la moindre différence, mais là, ça bute ! Pour le fun, essayez de comparer la version de "Love kills" sur le coffret "001" et celle sur ce double-LP: le jour et la nuit. Le son est chaleureux, ample, dynamique,  puissant et équilibré. Le pressage est pas dégueu non plus: pas de plan "le vinyl craque au bout de 3 écoutes", comme 95% des vinyls de nos jours... En fait, on dirait un disque des années 70 / début 80. Un putain de gros panard d'écoute, sans déconner. Du coup, ça permet d'apprécier encore plus une sélection excellente, de redécouvrir des titres, et d'accepter une évidence: Strummer était vraiment au dessus de la mêlée, putain. Tellement plus haut. Bref même si je connaissais les titres par coeur, c'est certainement ce que j'ai le plus écouté ces deux derniers mois. C'est pas du punk, par contre, pour les intégristes de passage... en fait, c'est bien mieux. (Dark Horse records)



JOEY RAMONE « A closer look » LP
Depuis sa mort, deux (excellents) albums de sessions inédites sont sorties de façon officielle, mais rien depuis au moins 9 ans. Donc ce petit bootleg fait bien plaisir. C’est en fait une compile de titres figurant sur des 45t et compilations, où le Joey est souvent en duo (avec Debbie Harry, Helen Love, Holly and the Italians…) ou fait un featuring sur le skeud d’un autre groupe (Youth Gone Mad, Furious George…). On y retrouve aussi  2 des 3 titres du 45t qu’il avait sorti avec son (vrai) frère sur Alternative Tentacles en 94 (« Sibling rivalry ») et une démo de « End of the century ».  Tout mis bout à bout, ça s’écoute avec grand plaisir, 90% des titres ont un son nickel, certaines chansons sont des tueries, d’autres juste rigolotes, mais c’est cool, j’écoute ce 33t régulièrement. Parce qu’il faut bien l’avouer : personne (mais PERSONNE !) n’avait une voix comme celle de Joey Ramone ! Si vous n’avez pas eu votre dose de Ramones inédit récemment, chopez moi ça ! (Deaf Youth Industries)


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