6 févr. 2022

Du son pour la vieillesse !

 




REDSKINS "neither washington nor moscow" 4 CD + livret
Ah mais, sacré putain de bordel de merde ! Enfin ! ENFIN ! Enfin une intégrale de ce groupe essentiel des mid-80's brittonnes ! En 1985, allêché par un zine qui affirmait que leur précédent single avait été produit par Joe Strummer (c'était faux !), j'avais acheté le maxi "Bring it down" qu'on trouvait partout vu qu'il y avait eu un pressage français: grosse, grosse claque. L'année suivante, j'ai chopé l'album à sa sortie et je ne m'en suis jamais tout à fait remis depuis. Je pense que c'est un des mes dix skeuds préférés (ou à minima, il est dans mon proverbiale "Top 20" !). Et sur ce coffret plein à ras-bord (quatre CD !), on a droit à l'intégrale du groupe: le LP, tous les 45t et maxis, le live déjà édité auparavant, les sessions à la BBC, des démos et inédits capturés en live, bref, la totale ! Certains 45t et démos avaient déjà été publiés il y a une dizaine d'années sur le CD "Epilogue" mais rien de comparable avec ce qui est proposé ici. Le bonus absolu pour les amateurs du groupe pas assez obsédés pour avoir chopé tous les 45t, c'est que toutes les versions des singles et EP sont ici présentes ce qui a réellement de l'intérêt, pour une fois: certaines chansons de l'album étaient aussi publiées sur 45t ou maxis avec des mixs (vraiment) distincts et surtout, des prises de chant complètement différentes (même au niveau des paroles !). C'est la boucherie, quoi ! Et de quoi on cause, au fait ? D'un trio de skinheads de gauche qui balançait une Soul-music à l'énergie punk en droite lignée du dernier LP de Jam ou du premier Dexy's, traversée d'éclairs rockabilly jouissifs. Dis comme ça, ça peut paraître improbable, mais je ne vois pas comment mieux les définir ? L'album (sur le CD n°1) est un classique, je le répète, et il y a des tas d'autres trucs géniaux sur les autres disques: la première Peel Session (sortie en maxi dans les 80's) et le deuxième 45t publié par CNT Records font aussi partie des mes skeuds préférés, et à l'aise, blaise. "We're a Marxist-Leninist rock'n'roll band", qu'ils disaient, et l'épais livret remet cela en exergue, revenant avant tout sur leur démarche politique plus que sur des considérations purement "musicales". Il faut dire que contrairement aux habituels artistes "engagés", droit-de-l'hommistes consensuels et vaguement humanistes, ils auront mis en application leur principes, jouant quasi-uniquement pour des tournées pour le droit au travail ou contre le régime d'apartheid de l'Afrique du sud (la praxis, les mecs, la praxis !!). Surtout, ils seront un des piliers du soutien musical militant à la grande grève des mineurs de 1984-85, et c'est d'ailleurs la défaite de ces derniers qui précipitera la fin du groupe... Si vous n'avez qu'un disque à acheter cette année, que ce soit celui-ci ! (London Music)

 

 

ACTION PACT "mercury theatre - on the air !" LP
Je suis vachement content de cette réédition (leur premier LP) vu que je n'avais que les 45t du groupe jusqu'à présent. Donc résumons: groupe de jeunes ados de la grande banlieue Londonienne, première moitié des années 80, punk. Ce qui les singularise grandement de la majorité des groupes "UK82", c'est un chant féminin vraiment vraiment singulier. Contrairement à celui plus "classique" de Beki Bondage dans Vice Squad (ou aux Expelled, aussi), George "Cheex" gueulait comme une damnée, ce qui peut se révéler parfois lassant mais aussi absolument génial à d'autres moments, lorsque la mélodie l'emporte sur le hurlement primitif: sur "Drowning out the big jets" ou "Currant bun", sa performance sur certains passages me fout les poils, clairement ! Un chant que tu reconnais dès la première note et qui est nettement la "couleur" du groupe. Contrairement (encore) à beaucoup de leurs collègues du "punk and disorderly", ils ne naviguaient pas dans un truc rapide et ultra-violent, mais pondaient de solides chansons aux refrains souvent évidents. En gros, les guitares et le rythme renvoient plus à Clash qu'à Discharge, pour résumer le truc à la bourrin. Et ça fait un super skeud à la production soignée (mais pas clinique) que je me suis déjà écouté un paquet de fois. A noter aussi, le super job de réédition de Puke N Vomit Records, comme d'hab' bien supérieur à celui de certains labels européens spécialisés dans les re-releases du punk de ces années là, tant en terme de son (irréprochable)
que de présentation (insert + immense poster !) . Je croise les doigts pour qu'une bonne âme réédite vite le deuxième album !

 


 RUTS "in a rut" LP
Je l'ai déjà dit plusieurs fois, mais avec certains groupes, je suis un crétin. Et comme pour le Clash, les Ruts, ben il me faut tout et dans tous les formats, ahlalalala ! J'ai donc acheté ce LP alors que je l'ai déjà en CD: il est sorti il y a une vingtaine d'années sous le nom "In a can" (dans un joli boitier en fer avec des espèces de sous-bocks marrants dedans), mais il me le fallait en vinyle, t'sais.  Donc voilà, trois démos différentes, 16 titres, son super correcte plus-plus, interprétation de feu (les Ruts ont-ils "mal" joués un seul jour ?), zéro infos sur la pochette (c'est sur Mad Butcher, hein !), pour un skeud qui ravira les fans, certes, mais qui peut aussi convaincre les néophytes... vu que les Ruts enfonçaient tout le monde, une main dans le dos ! Et ouais ! (Mad Butcher)

 

  

CRASS "demo 1978 + Peel sessions 1979" LP
En 1985 (encore !), j'achetais "Stations of the Crass" et essayais de le revendre à peine une semaine plus tard tellement j'avais trouvé ça pourri, tellement je m'étais senti arnaqué ! Aujourd'hui, je regrette, bien entendu... Mais les rééditions officielles de leurs skeuds sont à 25 boules (c'te honte !) et donc quand j'ai vu passer ce bootleg (je pense ?), je me suis laissé séduire. Et bien m'en a pris: la démo de fevrier 78 en face A déchire complètement ! Punk basique avec le chant super cockney, super agressif de Steve Ignorant qui emporte tout sur son passage ! C'est presque Cockney Rejects avant Cockney Rejects ! C'est en tous les cas bien plus Oi! que la totalité des groupes Oi! actuels, c'est drôle finalement ! Une face super intense, du punk-rock sans compromis, purement excellent, qui donne envie de sauter partout comme un con. La face B est une Peel Session assez chiante, avec le groupe dans ses plans expérimentaux / collages sonores / musique concrète qui me gonflent dans les grandes largeurs, mais alors la face A, putain, il te la faut même si comme moi t'avais décidé que t'aimais pas Crass y'a 35 ans !

 


VANILLA BLUE "dark cities" LP
Ahah et ben pour une fois que je cause d'un skeud "actuel", c'est en fait un skeud de vieux briscards ! Et il en est ainsi des groupes de vieux: lorsque on cause d'eux, on est automatiquement forcé de dégainer les noms des douze mille groupes dans lesquels les vieux en question ont précédemment joué. Débarrassons nous de suite de cette fastidieuse liste:  Sixpack, Perfect Cousins, Wei Ji, Protex Blue, Spit, Post Silly Poulps, Thee Muckrackers, Boxing Elena, Zero Gain... et j'en passe donc à peu près onze mille autres, vous m'en excuserez (ou vous m’en remercierez, au choix). C'est marrant parce que vu leurs CV, on pouvait s'attendre à du punk rock mélodique "à la Stéphanoise" et à l'arrivée, non, pas trop; on est ici plus dans un registre bêtement "rock", avec des influences punk (et pop, aussi !) bien sûr. En fait, ça évoque parfois des Teenage Fanclub en version garage-punk avec l'ombre tutélaire du Hüsker Dü des deux derniers LP en toile de fond; et bizarrement, c’est aussi à la sensibilité de plusieurs groupes Australiens des 80's que nous renvoient ces chansons à bien des égards: vous savez, de ceux qui ont écrit les lettres de noblesse du label Citadel… voir même aux Saints époque New Rose (ou "All fools day" !), d'ailleurs ! Mais pas d’obsession retro pour autant, comme c’est la norme dans l’underground actuel : juste de solides chansons, au ton personnel et à l’exécution talentueuse, avec de splendides guitares très travaillées et pléthore d'arrangements judicieux qui mettent en valeur de chouettes mélodies. C'est parfois un peu plan-plan, limite trop maîtrisé, mais l'écoute sur vinyl apporte un plus indéniable par rapport aux versions digitales: le son plus chaleureux atténue vachement l'aspect "propre" des titres sur bandcamp. Dommage
qu'il n'y ait pas les paroles... Well done, lads ! (ou plutôt: "bien vu, les poilus !") (Twenty Something)

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